L’été : une période creuse pour les directions financières ?

89% des DAF pensent que les mois de juillet et d’août ont un impact sur le bon déroulement de l’activité*. Il faut dire qu’entre les congés de vos collaborateurs, la baisse d’activité et les factures toujours plus difficiles à recouvrer pendant cette période, l’été est loin d’être une sinécure pour les directions financières. Infolegale vous propose de faire le point sur la question.

Juillet et août : pas de temps mort pour les défaillances

Défaillances

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

2015

2016

Juillet-Août

8 330

8 572

9 207

10 096

10 096

9 970

10 248

10 485

10 863

10 282

9 625

TOTAL

48 300

51665

55 403

63 436

60 205

59 498

61 057

62 962

62 711

62 956

58 116

% année

17.2

16.6

16.6

15.9

16.8

16.8

16.8

16.6

17.3

16.3

16.6

Source : INSEE

Si la période estivale est souvent synonyme de baisse d’activité pour les entreprises, les défaillances ne font pas de pause pendant l’été. Nous sommes remontées jusqu’aux chiffres de 2006 pour que notre analyse soit la plus objective possible et le constat est clair : entre 16 et 17 % des défaillances annuelles se déroulent pendant les mois de juillet et d’août.

Cela nous amène à deux constats :

  • La proportion de défaillances pendant la période estivale est équivalente aux autres mois de l’année. Bien sûr, il s’agit d’un chiffre global ne prenant pas en compte les particularités de certains secteurs, comme celui des CHR où le nombre de défaillances est traditionnellement moins élevé pendant l’été.
  • Vous ne devez pas relâcher votre attention et poursuivre la surveillance de votre portefeuille clients, y compris pendant l’été.

En effet, ayant pour finalité d’assurer l’apurement du passif financier et la réorganisation de l’entreprise, l’ouverture d’une procédure collective suspend de fait toute les poursuites menées par le créancier (même s’il a obtenu gain de cause devant la justice).

Une fois la procédure lancée, en tant que créancier, vous n’êtes plus maître du calendrier. Vous disposez d’un délai de 2 mois à compter de la publication au Bodacc pour déclarer votre créance auprès de l’administrateur judiciaire (ou du liquidateur en cas de liquidation judiciaire).

Néanmoins, en tant que fournisseur, vous êtes considérés comme un créancier « chirographaire », soit un créancier simple. En somme, vous ne disposez d'aucune sûreté particulière quant au recouvrement de votre créance. Au contraire des créanciers dits « privilégiés », comme le fisc ou les salariés d'une entreprise en difficulté, qui sont prioritaires.

Concrètement, le mandataire liquidateur se charge de répartir les sommes disponibles selon les rangs de privilèges attachés aux créances et en tant que fournisseur, vous arrivez en bout de liste :

Privilèges : répartition des sommes disponibles

 

C’est pour cette raison que vous devez tout mettre en œuvre pour être informés au plus tôt d’une procédure collective. Ce qui implique de rester tout particulièrement vigilant pendant la période estivale.

Si cette problématique devient un enjeu stratégique pour vous, en particulier si vous avez des centaines de clients à surveiller, il est peut-être temps de tester des solutions pertinentes de surveillance des ouvertures de redressement judiciaire et de liquidation judiciaire, à l’instar du juri@lerte d’Infolegale.

Ce type d’alertes a le double avantage de vous offrir la possibilité :

  • de mettre en place une surveillance quotidienne de votre portefeuille clients
  • de vous permettre de cibler les événements les plus impactant sur la vie et la santé financière de vos clients, prospects et partenaires

Anticipez les risques que représente la période estivale

Congés, retards de paiement, fraude à l’identité des dirigeants qui explose, l’été peut devenir une période à risque pour les directions financières n’ayant pas anticipé ce cap.

Il n’existe pas à proprement parler d’étude sur l’impact de la saison estivale sur les retards de paiement, néanmoins on constate que ces derniers ne subissent pas d’augmentation pendant les troisièmes trimestres 2014, 2015 et 2016 (juillet-août-septembre).

Ceci étant, afin de prévenir tout risque, mieux vaut préparer cette période combinant à la fois les départs en congés de vos collaborateurs et de vos partenaires : veillez à ce que les dossiers en cours soient traités et surtout faites rentrer un maximum de factures avant votre propre départ en vacances.

Dans la même enquête réalisée par le cabinet Robert Half en 2015, 32,5% des DAF notent un ralentissement du travail. Plusieurs explications à cela : une baisse de la direction managériale et une perte de productivité en raison des congés annuels, une baisse de motivation du personnel…

Et pourtant les mois de juillet et d’août sont traditionnellement les mois où les entreprises publient le plus leurs comptes. Pour l’année 2016, on note un pic pendant cette période :

  • 18% au mois d’août
  • 13% au mois de juillet

 

delais de publication des bilans

Les bilans reflétant la santé financière de vos partenaires sur une période écoulée, il vous importe d’obtenir les données les plus récentes possible, d’autant que les cycles de défaillance sont de plus en plus courts.

De là à prétendre que l’été est une période stratégique, il n’y a qu’un pas…

 *Enquête réalisée par le cabinet Robert Half en 2015

A retenir :

  • Le pourcentage de défaillances reste élevé en juillet et août (entre 16 et 17% des défaillances totales)
  • Les délais étant de 2 mois à compter d’une ouverture de procédure collective, vous ne devez pas relâcher votre vigilance pendant cette période
  • Et pourtant, gérer les congés de vos collaborateurs, anticiper la perte de productivité saisonnière et les risques de fraudes exigent toute la vigilance des directions financières

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